SAINT-MALO

Rue Mahé-de-la-Bourdonnais, n° 16, aujourd’hui n°8, sur les remparts de Saint-Malo face au Fort National, il y avait une maison comprenant 3 étages et une grande terrasse donnant vers la mer. Cette maison figure dans les cartes postales anciennes.

C’est là qu’était le domicile et le siège de l’entreprise de Anselme Lair de La Motte né en 1795, mort en 1877, négociant en cuirs tannés et corroyés, et de son épouse Pauline Agathe Patier. Ils eurent 4 enfants : Marie-Amélie, Angèle, Berthe et Georges.
Angèle (†1922) et Georges, inspecteur au Crédit Foncier, (†1924) ne se sont jamais mariés, ils ont vécu dans cette maison jusqu’à leur mort.
Marie-Amélie est partie à Château-Gontier où elle est devenue Mme Charles Sesboüé. Berthe, elle, a épousé Paul Robert, notre ancêtre, banquier à Dinan.

Berthe Lair de La Motte °1845, épouse de Paul Robert banquier à Dinan, venait dans cette maison l'été avec ses enfants:

La voici sur la terrasse vers 1895 avec sa fille ainée Marguerite °1874 (qui épousera Francis Hedou de la Heraudiere), sa fille Brigitte assise sur le dossier (elle deviendra Mme Couët) et son fils Paul Anselme °1879 qui épousera Marguerite Mouton.

Au rez-de-chaussée, donnant directement sur le Fort la Reine qui forme un bastion sur le rempart, il y avait les grandes portes d’une remise comme on peut voir sur cette photo qui doit dater de 1915. Les deux personnages de la terrasse ont des cheveux blancs, celui de gauche a une moustache blanche, celui de droite semble fumer une pipe et tenir un papier. Qui sont-ils?

 En 1915, Georges Lair de La Motte (le frère de Berthe) avait 65 ans et les cheveux blancs. Paul Robert (le banquier, mari et veuf de Berthe à cette date) avait à 72 ans une barbe touffue et le crâne bien dégarni: il est mort en 1926. Lequel fumait la pipe ?

En 1855 le tout-à-l’égoût est installé. Allez donc voir sur la plage sous la maison: une des pierres de granit qui encadre la bouche d’égoût et qui porte la date 1855 ! Cette sortie était aussi le canal d’égoût de la prison et de la caserne des Victoires qui étaient juste à côté.

En 1908 la ville de Saint-Malo impose une taxe de 15F par cabinets d’aisance branchés sur les égoûts de la ville. Georges Lair de Lamotte est furieux : il a 6 cabinets. Il proteste mais devra payer !

Georges écrit: "Mes cabinets vont directement à la mer par un canal traversant les remparts et appartenant au Génie.(...) La prison et la caserne des Victoires ont leurs canaux d'égoûts dans le même rempart que ma maison...Après examen je vous serais obligé de me donner votre avis sur la question..."


En 1916, un architecte entre dans la famille : c’est Francis Hedou de la Heraudiere qui épouse Marguerite, la fille de Berthe et Paul Robert. Alors la maison se transforme : une véranda est construite sur la terrasse. C’est la Grande Galerie avec vue sur mer !
La grande galerie construite en 1916 par Francis Hedou de la Heraudiere

Après la mort du viel Oncle Georges et de la Tante Adéle, plusieurs étages de la maison sont loués : on a besoin d’argent car les travaux d’entretien sont importants : les fenêtres, les volets, les façades sur la mer s’abiment vite !

En 1924, les enfants de Berthe héritent de la maison. Marguerite Robert, (1874-1953) qui a épousé Francis Hédou de la Héraudière. Paul-Anselme,  marié en 1913 à Marguerite Mouton, fâché dit-on avec sa mère pour peut-être des problèmes d’héritages... Et Brigitte veuve depuis 1915 de Robert Couët, décédé lors de la campagne des Dardanelles pendant la Grande Guerre. Georges(-Edouard), polytechnicien, cavalier à Saumur, est déjà mort sans descendance à la guerre en 1916.

La Forteresse de Saint-Malo est déclarée ZONE DE COMBAT. L’ordre d’évacuation est ordonné, immédiate et obligatoire. Avant le Lundi 7 août 1944, on déménage tous les meubles, on évacue. Il ne reste plus rien de la maison. Les meubles sont dispersés chez les uns et les autres.

En août 1944, la maison est détuite sous les bombardements américains.

Voici la maison qui a été construite à la place.

Avec les dommages de guerre, les héritiers de Berthe ont racheté des propriétés. Christian de la Héraudière et Brigitte Couët ont choisi d’acheter à Saint-Malo.
Christian Hedou dela Heraudiere était architecte et il a participé à la RECONSTRUCTION de plusieurs immeubles deSaint-Malo après la libération et il a construit le bâtiment de la Marine Marchande à Saint-Servan vers 1950-55.

Aujourd’hui les descendants de Anselme Lair de Lamotte qui habitent encore  Saint-Malo sont :
Gwen et Annick de la Heraudiere (génération IX), leur fils aîné Arnaud et Béatrice Hedou de la Heraudiere (génération X) et quelques uns encore de leurs enfants.

Et pour finir cette page le traditionnel tour des remparts ...