« D'azur à une chausse-trape d'argent, coupé d'or à une fasse ondée de sable »
Le prieur curé de Precey qui acquit ce blason s'appelle tantôt Jacques tantôt Jean-Baptiste. Il est présent dans les registres de Precey dès 1701. Mort en 1739 il est contemporain de George, peut-être son frère ou son cousin? Pas de certitude pour l'instant.
• Les “Filiations Bretonnes” présente le blason au nom de Hedou de la Heraudiere, disant que “Jacques Hedou, prieur curé de Precey fut inscrit à l’armorial de Bretagne en 1696 avec un blason” dont la description suit.
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Dessins de Francis Hedou de la Heraudiere |
• Une lettre du curé de Precey en 1907 précise: « Le livre paroissial de Precey ... cite le nom de Jean Baptiste Hedou, prieur curé depuis 1698 jusqu’au 2 février 1739 jour de sa mort. Il devait appartenir à l’Abbaye de Montmorel à Poilly près de Ducey»
• Le prieur curé de Precey, Hedou, ne mentionne lui-même son prénom qu’en 1724 “moy Jean Baptiste hedou prieur curé de precey” quand il baptise Jean Baptiste le petit fils de George et Marie (voir génération III).
Jacques pouvait être son prénom en religion et Jean Baptiste son prénom de baptême.
Qui devait porter un blason?
Louis XIV (1638-1715) avait imposé à tous ceux qui avaient des charges (clergé, monde judiciaire, bourgeoisie marchande) de porter des armes, c'est-à-dire un blason. Cela permettait ainsi à l'Etat de percevoir au passage un impôt: les armoiries étaient données d’office, un peu comme on donne un timbre fiscal aujourd'hui en échange de l'acquittement d'une taxe.
Il n’y aurait donc pas de signification particulière à chercher dans le dessin du blason.
Dans “Le système héraldique Français” Rémy Matthieu, l’auteur, explique ainsi l’Edit de 1696 et l’Armorial Général : « En novembre 1696, Louis XIV promulga un édit qui devait réglementer de façon très stricte le port des armoiries. (...) Toute personne qui désirait porter des armoiries devait présenter celles-ci à la maîtrise particulière dans le ressort de laquelle elle résidait. (...) Devaient faire enregistrer leurs armes les personnes et les communautés suivantes : tous les nobles de robe et d’épée, les provinces, pays d’Etat, gouvernements, villes, terres et seigneuries; les archevêchés, évêchés, chapitres, abbaye, prieurés “et autres bénéficiaires, compagnies, corps et communautés ayant droit d’armoiries”, les écclésiastiques, les bourgeois des villes franches ...»
Que représente, que signifie ce blason?
L’Armorial Général de France Généralités de Caen édité en 1913 rappelle «en présentant le registre de l’Armorial Général de 1696 concernant la généralité de Caen, (...) un point capital : la différence de valeur des armoiries qui y sont enregistrées. Les unes, en effet, sont bien les armoiries réelles et véritables des familles auxquelles elles sont attribuées. Les autres, au contraire, ont été données, d’office, à des personnes soumises au paiement du droit d’enregistrement d’armoiries, mais qui n’en n’avaient pas présenté. (...) C’est pourquoi (...) les armoiries données d’office et offrant, par conséquent, moins d’intérêt, seront ici précédées d’un astérisque*»
Et c'est le cas en page 204, portant le n°124, le chiffre est précédé d’un astérisque, «*Jacques Hedou, prieur de Précey. D’azur à une chausse-trappe d’argent, coupé d’or à une fasse ondée de sable.»
Notre Jacques ou Jean-Baptiste s'est sans doute vu attribuer d’office un blason, qui n’a probablement aucune signification particulière et qui ne représente vraiment que le paiement du droit d’enregistrement de sa charge de prieur curé.
«L’Armorial de la Généralité de Caen comprend 4629 inscriptions d’armoiries. Sur ce nombre 2167 ont été données d’office, à défaut de présentation. Le monde judiciaire, officiers de justice, avocats, procureurs, notaires, huissiers, compte d’assez nombreuses inscriptions. Dans la bourgeoisie, on relève beaucoup de “marchands”. Dans le clergé, spécialement pour les curés des paroisses rurales, les édits avaient spécifié les conditions de revenu de bénéfice suivant lesquelles ils devaient être ou inscrits ou exemptés.»
Dans l’”Histoire du Diocèse de Coutances et Avranches depuis les temps reculés jusqu’à nos jours” écrit par l’Abbé Lecanu en 1878 « L’église de Precey, paroisse de Saint-Berthevin, fut donnée à l’abbaye de Montmorel environ l’an 1200 qui en fit un pieuré-cure. Le revenu était estimé à deux cents livres en 1698; ce qui constitue une diminution de pareille somme depuis 1648, où il était porté à quatre cents livres»
A titre de comparaison la cure de Ducey valait 400 livres en 1698; ainsi que la cure de Céaux et celle de Crollon; le bénéfice du prieuré-cure de Poilley était estimé à 300 livres de revenus en 1698.
Adieu aux légendes familiales qui voyaient dans la rivière du blason, le Nil coulant sur le sable du désert d'Orient et les chausse-trappe* comme celles des croisés contre les chevaux des infidèles...
* une chausse-trappe est un assemblage de pointes de fer utilisé comme moyen de défense jeté sur une route pour blesser la plante des pieds des envahisseurs ou les soles de leurs chevaux.